Un constat: Une justice étatique maltraitante et parfois incompétente :

-Bonjour, je voudrais saisir la justice parce que je suis en litige avec mon voisin.

-Bin, vous allez voir un huissier ou un avocat. Au revoir.

-….

A l’audience:

-Monsieur, vous avez assigné par huissier. Votre adversaire demande un renvoi vous allez devoir revenir à une prochaine audience, lui communiquer vos pièces. Vous avez pris une journée de congé pour venir? bah c’est la procédure. Au revoir.

-Affaire Mme Durand Me Jailafoi/M. Dendure. Madame, votre avocat est là, je n’ai pas besoin de vous entendre.

Un an plus tard: Maître, le jugement n’est pas satisfaisant. Tout ça pour ça. Le juge n’a rien compris et il a refusé de m’entendre et en plus, mon adversaire recommence à m’ennuyer.

-Chère Madame, hélas, le rôle du juge est simplement de dire qui a raison et qui a tord au regard des lois en vigueur; qui est responsable et combien il doit payer en réparation. Si vous commencez à parler de vos sentiments, de votre ressenti, il va vous répondre sèchement ou gentiment qu’il n’est pas une assistante sociale. Dura Lex Sed Lex, la Loi est dure mais c’est la Loi.

En tant qu’avocat, je suis heureux quand je vois qu’il est répondu à toutes les demandes dans le jugement, positivement ou négativement, ça signifie que le juge a lu nos écritures.

Oui, c’est la moindre des choses et pourtant, j’ai le souvenir devant un juge, d’avoir demandé dans mes conclusions et oralement à l’audience, la désignation d’un notaire et ma contradictrice a demandé la désignation d’un second notaire pour son client. Nous recevons chacune l’ordonnance une semaine après et je ne trouve pas dans la décision, la moindre référence aux notaires… ça veut dire que nous avons plaidé devant un juge qui se contrefichait de ce que nous disions et qui, en plus, n’a pas ouvert les dossiers de plaidoirie des deux avocats! Il n’y a plus qu’à rédiger une requête en omission de statuer.

-Vous avez aussi le juge qui n’est pas bon juridiquement et qui va rendre un jugement ahurissant, condamnant une société à régler avec exécution provisoire (c’est désormais le principe) des sommes très importantes et celle-ci doit attendre plusieurs années en appel, pour voir infirmer ce jugement absurde.

-Aussi, comme on manque de juges et que l’Etat fait primer le pénal sur le civil, les magistrats civilistes sont mobilisés pour assister à des audiences pénales où ils ne comprennent rien et font souvent de la figuration, sans pouvoir traiter leurs dossiers. C’est ainsi qu’on a plusieurs reports de délibéré à la suite, de six à huit mois. J’en ai un qui a été reporté ainsi pendant deux ans.

-Et au pénal, vous savez qu’il m’est arrivé d’assister une personne devant un juge et que celui-ci ne nous a même pas fait sortir de la salle d’audience pour délibérer et a sorti son jugement tout préparé de sa pochette pour le lire? Lors d’une autre audience, ne me rappelant plus de l’incident car je n’avais pas assisté la personne en appel, j’ai eu affaire au même juge qui est complètement sorti de ses gonds. Un fou furieux. Sur l’instant j’en suis restée muette d’incompréhension. Après, je me suis rappelée de cet événement et compris que la juridiction d’appel avait dû lui remonter les bretelles. Un mauvais juge et impudent avec ça. Irresponsable et irrespectueux. Malgré le choc, je n’ai aucun regret d’avoir défendu mon client.

-Heureusement, je n’ai pas connu l’affaire Outreau avec un juge d’instruction qui emprisonne à tour de bras des gens qui ne se connaissent pas et en mène un à se suicider.

-Vous connaissez aussi l’histoire du juge qui dit « Maître, vous êtes en retard » et de celui-ci ou un autre, qui traverse un couloir rempli d’avocats formant une haie d’honneur contrainte pas l’exiguïté des lieux, qui attendent le début de l’audience et voient arriver le magistrat avec son panier dont dépassent des jonquilles et que vous comprenez qu’il rentre du marché.

-…. Comment faire?

Je vous ai parlé de la médiation, puis-je vous expliquer en quoi cela pourrait vous aider?

-Mouis.

-Alors, fermez les yeux et imaginez,

-Vous arrivez à une séance de médiation dite plénière, stressée parce que l’enjeu est fort pour vous. Vous voulez sortir du litige parce que c’est invivable.

-Le médiateur ou la médiatrice vous accueille, vous propose un café ou autre.

-Vous avez quelque chose dans les mains et ça vous rassure. La médiatrice est à l’aise et ça vous détend.

-Elle réexplique un peu ce qu’elle a dit au téléphone sur son rôle et sa façon de procéder et vous êtes détendue parce que vous ne vous rappeliez pas de tout. En plus elle a été formée et a le titre de médiateur professionnel qualifié délivré par l’IFOMENE, agréée par l’Etat Français.

-Elle vous rappelle donc que sa mission est d’écouter, de reformuler pour être certaine d’avoir compris et que l’autre aussi comprend; que son devoir est d’être complètement neutre : elle n’a pas à juger ce qui va être dit et va tout faire pour qu’ensemble, on cerne le litige, que chacun s’exprime et faire en sorte de rétablir un dialogue entre les parties; Elle rappelle également que tout ce qui sera dit est confidentiel et ne devra pas sortir de la pièce, qu’un aparté est possible en cas de besoin; elle rappelle également qu’elle sera impartiale et qu’elle va simplement nous aider à trouver par nous-même une solution, une issue à notre différend, dans le respect de la Loi. Nous sommes adultes et avons nos ressources en nous même pour cela. Elle ne nous imposera donc pas une solution comme un juge le ferait. Si on ne veut plus participer au processus de médiation, la porte reste ouverte. Enfin, elle est indépendante des parties

-Puis, elle vous laisse enfin la parole et vous pouvez enfin donner votre version des faits, vos sentiments, vos émotions, vos incompréhensions, libérer votre coeur. ça fait du bien et en plus, la médiatrice s’assure qu’elle a bien compris et que l’autre aussi m’a bien entendu. Enfin, vous pouvez vous exprimer et l’autre est forcé de vous entendre. Enfin, il y a de l’écoute. Vous atteignez le Nirvana.

Apaisée, vous êtes en mesure d’entendre ce que dit l’autre. Ah bon, il pensait que je pensais ça, alors que non.

Le médiateur sait que : « Entre

Ce que je pense

Ce que je veux dire

Ce que je crois dire

Ce que je dis

Ce que vous avez envie d’entendre

Ce que vous croyez entendre

Ce que vous entendez

Ce que vous avez envie de comprendre

Ce que vous croyez comprendre

Ce que vous comprenez

Il y a dix possibilités que l’on ait des difficultés à communiquer

Mais essayons quand même. » Bernard WEBER « l’encyclopédie du savoir relatif et absolu » 1993.

Madame, Monsieur, nous sommes bien d’accord que votre solution est la suivante ?

Maîtres, je vous laisse formaliser juridiquement l’accord.

Merci maître, c’était magique cette médiation, je vais en parler à une amie qui est en difficulté avec son secrétaire dans le cadre de son boulot et à une autre qui est en cours de divorce.

Mille mercis Maître.

Je vous remercie à mon tour de votre confiance.